Comment est né Coup de pouce Vietnam ?

Par Marie-Thérèse Sauthier

Nous avons commencé à faire des actions sociales avec l’ambassade de France en 1995, avec Maryse Debar, fondatrice du Cercle des Femmes Francophones de Hanoi jusqu’à son départ, en soutenant le G.R.E.T.A (Patrice Lamballe) pour les femmes défavorisées en milieu rural, en achetant des buffles donnés aux familles défavorisées.

Fin 1999, j’ai proposé à un groupe d’amies, Mmes O. Boudrot - D. Girard - A. Saillard et aux personnes qui adhéraient à nos actions de nous séparer du CFFH pour créer Coup de pouce Vietnam pour plus de réactivité sur les actions sociales, en donnant plus de transparence vis-à-vis des donateurs, en séparant les comptes des activités ludiques et culturelles de nos activités sociales.

De plus, certains membres du CFFH ne désiraient pas adhérer au social ce qui entravait la rapidité des décisions à prendre pour nos actions.

Cependant le CFFH nous rétrocédait 1/4 de leur cotisation de membre.

Nous avons fait le tour de toutes les ambassades installées à Hanoi pour nous faire connaitre et leur demander leur soutien ; beaucoup nous l’ont accordé et nous ont aidé. Nous avons également contacté les entreprises basées à Hanoi.

Toutes nos actions étaient concrètes, sans argent liquide, pour éviter toute corruption et la collaboration était de 50 % de CDP VN et 50 % du partenaire Vietnamien, en nature, en personnel ou autre, ceci afin d’assurer la pérennité du projet au minimum sur 3 ans.

Au départ, nous étions plus axés vers les femmes et familles en milieu rural autour de Hanoi.

Réalisations COUP DE POUCE :

Micro-crédit pour l’achat de semences pour légumes propres.
Aide à l’horticulture.
Bibliothèques rurales pour formation agricole et élevage en pisciculture.
Aide à la réintroduction de l’élevage des vers à soie.
Achat de buffles (environ 40).
Achat de « cochettes » (petite truie - lorsque la petite truie avait ses petits, un était réservé pour être donné à une autre famille et ainsi de suite…)
Construction de réservoirs d’eau pour les villages.
Soutien aux orphelinats - Bac Ninh : literie - habits - création d’un réfectoire pour les enfants avec installation d’une cuisine complète avec matériel et meubles pour les enfants. Dong Anh - réservoirs d’eau pour l’orphelinat.
Création de 2 ateliers d’apprentissage de la couture avec un diplôme d’état - KE SO et DONG ANH.
Création de 5 dispensaires en collaboration avec les sœurs de la Congrégation des amantes de la croix - nous prenions en charge la création et les équipements - les sœurs assumaient tous les frais de fonctionnement et les médicaments. Avant la mise en service de ces dispensaires, les villageois étaient obligés de faire des dizaines de kilomètres pour accéder à des soins gratuits.
1 trousseau chaud avec couette en début de chaque hiver pour les mamies seules.
Jouets et fauteuils roulants pour le village de l’amitié.

Rénovation du centre de massage des aveugles à Hanoi (toujours en activité). Les aveugles se déplaçaient chez les particuliers ou bien les patients se déplaçaient au centre, ce qui leur assurait un revenu vivable.

Quand nous nous sommes rapprochés du Paccom et du service de l’aide à l’enfance de Hanoi, nous avons organisé l’aide à l’amélioration de l’habitat des familles ainsi que les parrainages scolaires en proposant de donner à la famille :

- une aide « colis mensuel » correspondant à un salaire que l’enfant pourrait ramener à sa famille s’il travaillait, sous réserve de recevoir en contrepartie les bulletins scolaires régulièrement, attestant que l’enfant était bien scolarisé ou en apprentissage. A défaut, l’aide serait stoppée immédiatement.

Nous avions toujours refusé les aides médicales :

CDP VN n’étant pas apte à contrôler ou à assumer le coût d'un traitement médical, surtout sur le court et le long terme, alors que certaines ONG sur le terrain étaient opérationnelles et spécialisées dans le suivi de ces cas.

Sachant que le gouvernement vietnamien prenait en charge à l’hôpital ex-St Paul (vers le temple de la littérature) des consultations gratuites et le suivi pour les familles défavorisées, nous avons pris cette option en analysant nos diverses actions car nous nous étions aperçus que les médicaments étaient :

Revendus
Pour la famille et non pour l’enfant
Pour le bénéfice unique du professionnel etc…

Souvenirs

Anecdote rigolote :

L’Achat d’une dizaine de « cochettes » à remettre aux familles a été une vraie expédition au fin fond du nord du Vietnam et sur des routes impossibles.

Départ en 4x4 (en deux voitures prêtées par des bénévoles) à 5 heures du matin avec un vétérinaire (Vétérinaires sans frontière), un éleveur vietnamien et deux bénévoles de CDP VN dont moi.
Plus de 4 h de route et 1 h de discussion avec les autorités locales, malgré notre autorisation d’accéder à l’élevage.
Choix des « cochettes » dans l’élevage avec des critères bien précis….
Déjeuner avec le comité local
Retour sur Hanoi avec notre précieux changement
Au moment de la distribution aux familles, 4 ou 5 cochettes sur les 10 prennent la poudre d’escampette au milieu des rizières et pendant plus d’une heure, nous voilà à courir après notre précieux chargement pour le récupérer.
Retour à la maison aux environs de 22 h. Épuisés mais heureux de la joie des familles réceptionnaires et de notre mission accomplie.

RENOVATION d’un site historique en créant un dispensaire et un lieu d’accueil pour des mamies sans famille, en collaboration avec la mère supérieure de la Congrégation des amantes de la croix.

Les nombreuses discussions avec notre bénévole architecte Normand (canadien) qui a fait les plans et a suivi les travaux avec les sœurs et avec le curé de la paroisse, le Père Joseph, que nous avions baptisé le « Père béton ». Pourquoi ce nom ? Car il voulait tout raser et refaire une construction en béton pour ce dispensaire. Mais nous n’avions pas cédé !
Le jour de l’inauguration, voir la joie de ces petites mamies vietnamiennes sans âge à qui nous offrions un toit - des soins - un confort qu’elles n’avaient jamais connu a été je crois, mon meilleur souvenir de tendresse.

L’organisation du bazar de HIWC

Sous le panneau de l’ambassade de France, notre ambassadeur ayant réussi à obtenir que le HIWC nous redonne l’intégralité des bénéfices de ses ventes.

Coup de Pouce a également été une véritable union, comme une famille, avec une amitié et une entraide entre tous les expatriés de l’époque - il n’y avait aucun supermarché et quelques rares produits français, on était obligé de prendre les produits locaux ou d’aller à Bangkok faire nos courses - ce n’était pas le Vietnam d’aujourd’hui et chaque action demandait autorisation et encore autorisation - discussion avec les comités de quartier.

A ce jour, nous avons gardé beaucoup de contacts entre les anciens bénévoles, malgré leurs diverses destinations, et tous disent qu’ils n’ont jamais retrouvé cette entente amicale dans les autres pays. Ceci aussi a été une réussite de Coup de pouce VN.

L’ambassade de France nous a toujours soutenus et Mme Faty Degallaix (femme de l’ambassadeur) a été notre Présidente d’honneur. Au fil des années tous les ambassadeurs et leurs épouses nous ont aidés.

21 ans de vie pour CDP VN est pour moi une grande, grande réussite, ce n’est que du bonheur.

Merci à toutes les présidentes qui se sont succédé d’avoir permis la pérennité de l’association.

Le poste de Présidente n’est pas facile à assumer pour respecter les statuts et les objectifs premiers de l’association, face aux bénévoles qui de bonne foi ont parfois des projets non compatibles avec les statuts.

Le principal est que l’aide apportée aux enfants et familles continue.

2021